En lien avec la diversification alimentaire, de nombreuses études ont été menées concernant les fonctions antérieures à la mise en place de la mastication chez les très jeunes enfants. Cependant très peu de données sont disponibles chez l’enfant concernant la mastication, terme qui ne peut être employé qu’à partir du moment où les dents postérieures sont en occlusion. De plus, alors que l’objectif de la mastication est de former un bol alimentaire plastique, cohésif et visqueux, apte à être dégluti puis digéré par la suite, aucune étude n’a évalué la capacité masticatoire chez l’enfant, caractérisée par l’état du bol alimentaire au moment de la déglutition. Ce travail a pour objectif de définir un protocole adapté à l’enfant pour évaluer la capacité masticatoire. Les études réalisées ont pour objectifs principaux de décrire le comportement et la capacité masticatoires analysés pour des aliments naturels au cours du développement physiologique, et d’analyser l’impact de différents types d’altérations de la santé orale et de leur traitement sur ces paramètres masticatoires. Les objectifs secondaires sont d’évaluer l’état staturo-pondéral, la qualité de vie, la fréquence de dysfonctions orofaciales et les sélections alimentaires au domicile des différents groupes d’enfants étudiés. Dans la première partie, après présentation des résultats ayant permis de vérifier la répétabilité du nombre de cycles masticatoires avant déglutition, un protocole de recueil du bol alimentaire à déglutition est proposé pour les enfants à partir de trois ans. La deuxième partie, concernant l’évolution physiologique des paramètres masticatoires, montre l’importance de la présence d’unités fonctionnelles postérieures, à la fois sur le plan sensoriel et en tant que surfaces d’écrasement de l’aliment. La capacité à dégrader les aliments est particulièrement améliorée lorsque toutes les dents définitives sont fonctionnelles sur l’arcade. En troisième partie, les résultats concernant l’impact des altérations bucco-dentaires, à savoir la présence de caries précoces multiples de l’enfance et la présence d’agénésies multiples, et de leurs traitements, sur la mastication sont présentés. Un an après traitement de caries précoces multiples sous anesthésie générale, la capacité à dégrader les aliments semble se normaliser, bien que les valeurs de fréquence masticatoire n’atteignent pas celles des enfants sans altération. Cette amélioration de la capacité masticatoire est particulièrement observée pour les enfants n’ayant reçu que des traitements conservateurs. La réalisation de prothèses amovibles en cas d’agénésies ne permet pas d’obtenir une capacité masticatoire similaire à celle d’enfants ne présentant pas d’altération. Ainsi, l’importance de la présence et de la conservation d’unités fonctionnelles postérieures entre dents naturelles semble être mise en évidence. Il semble essentiel de promouvoir des protocoles d’évaluation de la fonction de mastication et de l’état nutritionnel, en particulier pour les patients dont les contacts inter-arcades postérieurs sont susceptibles d’être modifiés. La détermination de seuils permettant de distinguer les patients nécessitant une rééducation fonctionnelle, ou pour lesquels l’alimentation doit être adaptée, restent à définir, afin de limiter les conséquences nutritionnelles à long terme sur le développement des enfants.