La prise en compte de la douleur animale, une lente histoire, XVIIe – XXIe siècle - Régulations : marchés, populations, circulations
Chapitre D'ouvrage Année : 2024

La prise en compte de la douleur animale, une lente histoire, XVIIe – XXIe siècle

Eric Baratay
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 917525
  • IdRef : 033901805

Résumé

La prise en compte de la douleur animale une lente histoire, XVII e -XXI e siècle Les questions de la sensibilité de l'animal, de son respect et de sa protection, de l'extension du droit à son profit, de son utilisation éthique prennent une importance croissante dans notre civilisation contemporaine, notamment ces dernières années à mesure que montent les craintes sur l'avenir de la biodiversité et que l'éthologie récente révèle les richesses animales 1 . Pourtant, toutes ces questions ne sont pas récentes en Occident 2 . Sans remonter à l'Antiquité grecque, commençons aux XVI e -XVIII e siècles où le débat renaît dans un contexte nouveau : le développement de l'imprimerie et de l'humanisme permet la redécouverte de penseurs grecs et de thèses oubliées ; la révolution scientifique met en cause la place centrale de l'homme, insiste sur la parenté avec les autres vivants ; tout cela favorise une montée de l'esprit critique, une discussion des idées et des dogmes. Ainsi, le XVI e siècle voit la renaissance de la notion, initiée par Plutarque, de communauté des êtres au nom d'un partage de la raison. Elle est notamment adoptée par Montaigne, affirmant qu'elle devrait obliger l'homme à la bienveillance et au « devoir d'humanité ». Mais, comme en Grèce antique, cette promotion de l'animal est mal accueillie, perçue comme une déstabilisation sociale, l'homme disant avoir besoin des animaux pour vivre, d'où la réticence, jusqu'à nos jours, à réviser leur portrait d'êtres irraisonnables et instinctifs, justifiant leur traitement. C'est ainsi que la contestation humaniste suscite la contre-philosophie la plus radicale avec Descartes : il n'existe que des corps matériels et des âmes immortelles ; il est impensable que les animaux possèdent de telles âmes ; ce ne sont que des machines ne connaissant par la douleur, utilisables à volonté.

Une question secondaire à l'époque classique

Descartes n'est pas l'inventeur mais le théoricien de l'idée, abandonnant d'ailleurs peu à peu dans sa correspondance, à mesure du succès public, les précautions peuplant le Discours de la méthode (1637) parce qu'il craignait alors un sort identique à Galilée dont le procès était encore proche (1633). C'est le clergé français qui fournit les plus ardents partisans du cartésianisme dont Malebranche est l'exemple le plus célèbre et le plus important parce qu'il fait beaucoup pour la diffusion et la popularité de cette philosophie tout en la prolongeant et l'infléchissant dans une version plus catholique, ayant notamment tendance, comme les autres clercs cartésiens, à faire de

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Dates et versions

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Identifiants

  • HAL Id : hal-04784001 , version 1

Citer

Eric Baratay. La prise en compte de la douleur animale, une lente histoire, XVIIe – XXIe siècle. La vulnérabilité animale en question, Vulnérabilité du vivant II, Cerf, pp.15-31, 2024. ⟨hal-04784001⟩
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