Les Armagnacs princes rouergats (1304-1418)
Résumé
En 1298, deux filles du comte Henri II de Rodez, Cécile et Valpurge, épousent deux frères, Bernard VI comte d'Armagnac et de Fézensac et Gaston vicomte de Fézensaguet. Au décès d'Henri II en 1304, le comté ruthénois entre Truyère et Tarn tombe sous la coupe de Bernard VI, la vicomté de Creissels et la baronnie de Roquefeuil sous celle de Gaston 1 . C'est la fin des comtes autochtones de Rodez. Néanmoins, le Rouergue devient un des deux piliers de la principauté qui se constitue alors. En 1401, Bernard VII conquiert les possessions de la branche d'Armagnac-Fézensaguet, dont Creissels et Roquefeuil. Les domaines rouergats et cévenols restent insérés dans la principauté armagnacaise jusqu'à sa disparition à la fin du XV e siècle.
Certes tous les princes de la maison d'Armagnac s'intitulent d'abord comte d'Armagnac avant comte de Rodez. Mais, Jean I er , fils de Cécile et de Bernard VI, et tous ses successeurs portent les armes écartelées, aux 1 et 4 d'Armagnac, d'argent au lion de gueules, aux 2 et 3 de Rodez, de gueules au lion léopardé d'or 2 . On pourrait penser que les terres rouergates se retrouvent annexées aux états gascons des Armagnacs. Mais celles-ci ne jouent absolument pas un rôle subalterne dans l'ensemble princier. En premier lieu, la principauté a un caractère hétérogène, chaque entité territoriale conservant sa propre administration. Ensuite la gestion du comté ruthénois fait l'objet d'une attention particulière, celui-ci connaissant de plus une extension en 1374. Enfin, séjournant souvent à Rodez ou à Gages, les comtes font de leurs résidences des centres de pouvoir au sein de la principauté.
Le gouvernement princier est composé de deux niveaux, des organismes centraux qui entourent le comte d'une part et d'autre part une administration déconcentrée dans chaque comté ou vicomté, comportant surtout des hommes du crû. En adjoignant le comté ruthénois à ses comtés d'origine pour fonder une principauté, Bernard VI ne l'a pas subordonné à ces derniers. Il a repris l'héritage des comtes autochtones. Ses successeurs maintiennent les spécificités locales, respectent les coutumes du pays, tout en introduisant progressivement et prudemment des nouveautés, à l'image de la monarchie.
Lorsque le comte est encore jeune ou quand il est longuement absent, un lieutenant peut être nommé, qui le remplace dans toutes ses attributions. A la mort de Bernard VI en 1319, Jean Ier qui n'a que quatorze ans, est sous la curatelle de son oncle paternel Roger d'Armagnac évêque de Lavaur, qui cependant ne s'occupe que de la partie gasconne de la principauté. Pendant dix ans, la régence du comté de Rodez est confiée à Amaury II de Narbonne-Talairan seigneur haut-justicier d'Agen et du Salars, neveu d'Henri II 3 . De même,
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