Peut-on improviser avec l'histoire et en apprendre quelque chose ? De nombreux jeux de rôle offrent la possibilité de jouer des personnages et de générer des récits fictionnels dans un univers plus ou moins inspiré d'une histoire documentée. Les conceptaires en structurent le contenu historiographique, souvent de façon amateure et volontairement adaptée, simplifiée, afin de permettre le jeu, c'est-à-dire de donner des opportunités de jouer avec. C'est également le rôle des règles, systèmes et outils qui sont proposés pour jouer, qui portent également un sens historiographique. Toutefois, étudier un jeu ne peut se limiter à une analyse de sa narration, puisqu'il s'agit d'une activité sociale, une rencontre dont le cadre est constamment négocié et adapté par les personnes qui jouent. Après un rapide retour sur les liens entre jeu, apprentissage et histoire, nous présenterons les choix historiographiques d'une "expérience immersive" théâtrale et d'un jeu de rôle grandeur nature (larp), pour enfin étudier empiriquement la façon dont les personnes qui improvisent s'approprient le matériau historique selon le cadre social du jeu et sa potentielle transformation en connaissances historiques mobilisées comme légitimes.