Les adolescents communiquent de plus en plus jeunes sur plusieurs réseaux sociaux et la protection de leur vie privée est un sujet d’inquiétude croissant. Dans cet article, nous présentons une étude sur les processus cognitifs sous-jacents à la prise de décision de l’exposition de soi. A l’instar de la théorie de la gestion de la confidentialité des communications (Petronio, 2012), nous proposons de concevoir la vie privée en termes de frontières plus ou moins épaisses et perméables permettant à un individu de donner ou non accès à lui-même. Nous faisons l’hypothèse que les usagers gèrent leur communication sur les plateformes en évaluant la confiance en les autres à recevoir l’information grâce à un schème de décision additif combinant la perméabilité (contenu plus ou moins intime), l’audience (plus ou moins privé) et la distanciation dans la communication. Cette hypothèse a été testée auprès de 174 adolescents avec une tâche de jugement sur la publication de photos. Les résultats sont globalement compatibles avec notre hypothèse, mais nécessitent de nouvelles investigations pour mieux apprécier la typologie des audiences de divulgation chez les sujets. Ces résultats offrent une piste pour réinterpréter la notion de privacy concern et interrogent sur la prise en compte de la perméabilité des frontières de la vie privée en ligne par les sujets.